Test - Tamron SP 150-600mm f/5-6.3 Di VC USD

150-600mm ce n'est pas rien ! Tamron frappe fort une fois de plus avec ce très bon télé-zoom qui a remporté le prix TIPA 2014 du meilleur objectif.

Cela fait maintenant 3 semaines que je l'utilise au quotidien sur mon D800. Il est temps de vous livrer mes impressions sur ce gros joujou.





Il n'est pas facile de trouver ce genre de zoom sur le marché. Pourtant si l'on souhaite pratiquer la photo sportive à de longues distances ou encore de l'animalier, une focale supérieure à 300mm est conseillée, voire indispensable... Les focales fixes lumineuses sont très coûteuses et aussi très encombrantes, les doubleurs de focales ont des inconvénient... Tamron propose là un compromis de qualité qu'il manquait pour de nombreux photographes au prix de 1400€. Dans le même genre, on pense évidemment au Sigma 150-500mm f/5-6.3 mais celui-ci ne rivalise pas avec le Tamron. Il est certes moins cher mais, sans être plus lumineux, la qualité optique est bien en dessous et avec une focale plus courte de 100mm.

Si je n'ai pas hésité à acquérir cet objectif, c'est que j'utilise depuis quelques temps maintenant le Tamron 70-200mm f/2.8 Di VC USD qui me satisfait entièrement. Fini le temps ou je me disais qu'il n'y aurait que du Nikkor sur mon Nikon !

L'objet

objectif déployé à fond + pare-soleil.

L'objectif semble de très bonne construction. Le métal paraît solide, les bagues sont agréables, tout est bien jointé... bref, une finition professionnelle. Avec ses 25cm de long, il ne paraît pas très grand au premier abord. Une fois le pare-soleil ajouté et le fût déployé jusqu'à 600mm, ce n'est plus pareil. On atteint les 44cm ! Le diamètre de la lentille frontale est de 95mm (ça fait du bon gros filtre). Au niveau du poids ce n'est finalement pas si lourd (un peu moins de 2Kg) et il se manipule plutôt bien.

On trouve sur le côté gauche trois boutons. Le classique AF/MF pour la mise au point, l'interrupteur de stabilisation VC on/off et un limitateur de distance de mise au point (15m - infini). Le bouton LOCK situé de l'autre côté permet de verrouiller le fût et d'éviter qu'il se déploie par son propre poids lors du transport. Pour finir on peu noter la présence d'un indicateur de mise au point (m/ft) sur le dessus. 

Son collier de fixation trépied est amovible et peut être mis dans n'importe quelle position. Il fait également office de poignée de transport ce qui est très pratique. 

Sur le terrain

Le D800 et ses 36Mpx est un bon testeur d'objectif. Le manque de piqué ou les aberrations chromatiques de certaines optiques ne lui échappent pas. Je ne souhaite pas faire un test poussé avec des mires et autres analyses détaillées de l'image (d'autres sites spécialisés font ça très bien) mais plutôt vous livrer mes impressions sur la qualité générale des images ainsi que l'utilisation de cet objectif sur le terrain.

600mm      ISO 800     f/6.3     1/1000   (vignetage rajouté) 

600mm     ISO500    f/6.3    1/2500

J'ai rarement eu l'occasion d'utiliser une si grande focale. Même quand je travaillais en APS-C avec un 300mm (donc équivalent à 450mm), la sensation était loin de celle d'un 600mm. En plus, pouvoir atteindre cette focale sur un capteur 24x36 est vraiment agréable. Cela devient carrément monstrueux sur un capteur APS-C qui va vous donner un 900mm !

Avec une telle focale, on ne crache pas sur la stabilisation (surtout quand on y a goûté). Celle de Tamron ("VC" pour Vibration Compensation) est vraiment efficace. Contrairement à d'autres, elle ne possède qu'un seul mode et ne propose pas de stabilisation "verticale uniquement", ceci-dit, faire un filé avec la stabilisation enclenchée ne semble pas poser de problème, le système à l'air de bien détecter les longs travellings latéraux et ne fait pas saccader l'image.

Alors oui, f/6.3 ça commence à faire un peu juste dans des conditions plutôt sombres. Quand on est habitué à travailler avec des objectifs f/2.8 c'est même plutôt frustrant. Mais nos boîtiers sont de plus en plus performants dans les hautes sensibilités et on peut arriver à s'en sortir. Par contre pour figer une action sportive rapide ou un fluide dans un endroit qui manque de lumière, ça va être difficile. Pour ma part, je l'utilise en majorité en extérieur et de jour. Même avec une couverture nuageuse importante, je ne dépasse jamais ISO 800 pour rester à une vitesse convenable (pas plus long que 1/1500).

Au niveau de la qualité d'image, je suis très agréablement surpris. Même à sa plus grande ouverture, le piqué est très bon et les aberrations quasiment inexistantes. Je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de le tester avec des ouvertures plus faibles car je ne l'utilise presque qu'exclusivement avec des hautes vitesses. 

Le bokeh est très doux et sur des sujets proches on peut obtenir (même à f/6.3) des zones de mise au point très courtes.

450mm      ISO 400       f/6      1/2000

600mm       ISO 500          f/6.3         1/2500   (vignetage rajouté)

 J'ai eu l'occasion de travailler deux jours d'affilée sous une pluie importante ce qui m'a permis de tester sa résistance aux intempéries. L'eau n'a pas l'air de s'infiltrer sous les bagues et l'imposant pare-soleil protège la lentille des gouttes d'eau. Petit bémol : en une semaine, 2 petites poussières se sont déposées sous la lentille frontale. Cela ne se voit bien sûr pas sur les clichés mais c'est fâcheux... surtout en si peu de temps. Les deux semaines suivantes aucune nouvelle poussière ne s'est glissé entre les lentilles malgré une utilisation intensive (beaucoup de zoom et dé-zoom) dans un milieux assez poussiéreux.   

600mm         ISO 640           f/6.3           1/1600

Parlons de l'autofocus (le système USD "Ultrasonic Silent Drive" chez Tamron). Celui-ci est assez performant, réactif et ne fait aucun bruit. Il peut parfois hésiter un peu à 600mm (certainement à cause de l'ouverture un peu limitée) mais rate rarement sa cible. Le mode "suivi 3D continu" du D800 est un vrai bonheur à utiliser dans les activités sportives avec une telle optique. Très peu de photos ratées.

Petit détail à signaler : j'ignore s'il s'agit d'un défaut sur mon exemplaire ou d'un problème de compatibilité électronique avec le D800 mais parfois (jamais plus d'une fois sur 6h de shooting), l'autofocus cesse de fonctionner. Le déclenchement s'effectue toujours et le boitier détecte bien les éléments dans la zone de mise au point. Seule solution : éteindre et rallumer l'appareil et c'est reparti pour des centaines de déclenchements. Cela ne me gêne pas trop et je m'en rends vite compte (mais ça peut quand même faire rater une ou deux photos importantes...). Si le problème venait à s'empirer il y a toujours la garantie Tamron 5 ans (après enregistrement de l'objo sur leur site).

Conclusion

Je suis très content de mon acquisition qui m'ouvre de nouvelles portes en photographie. Cet objectif mérite son prix TIPA. La conception est exemplaire, les performances sont au rendez-vous (36Mpx à l'appui). On peut lui reprocher son ouverture f/5-6.3 trop peu lumineuse mais faut savoir ce qu'on veut : un super télé-zoom 600mm de 25cm et moins de 2Kg à 1400€ ou une super focale fixe hors de prix et intransportable ?

A voir comment cet objectif va vieillir et si le mécanisme va supporter tous ces mouvements (parfois brutaux) de zoom et dé-zoom. 

Goûtez au 600mm et votre 200mm devient un grand angle ! c'est vraiment du pur bonheur de pouvoir zoomer autant quand on n'a pas l'habitude. 

La fiche produit sur le site Tamron

Si des personnes sont intéressées par des RAW pour apprécier la véritable qualité des clichés, faites-le moi savoir.